[Ldl62] Accessibilité: notre modeste témoignage

[Houry Jean-Louis]

Bonjour à toutes et à tous,

Pour mémoire, je rappelle que mardi dernier, Françoise, aidée au téléphone par un ami d'enfance, Michel Paillard de Limoges, m'a 
magnifiquement installé une Debian sur ce PC fixe avec lequel je vous compose ce message en ce moment. Michel pensait vous envoyer 
son témoignage mais n'ayant pu le faire car ne possédant pas notre adresse, l'a envoyé à Françàoise qui me l'a transmis; avant de 
vous le faire connaître, j'ai demandé à Michel son autorisation, ce à quoi il a répondu que, non seulement je pouvais y aller, mais 
aussi ajouter mes propres commentaires le cas échéant.

Voici donc le message de Michel:
> Bonjour Françoise et tous! A la lecture de votre message, la question
> est de savoir ce qui est accessible avec un système comme linux. Je ne connais bien que le handicap visuel mais je suis persuadé 
> que le handicap moteur peut être pris en compte dès le départ. En effet, en jouant sur le temps de réponse du clavier, le délai de 
> répétition des touches, le maniement de la souris, on devrait arriver sans trop de difficultés à régler pas mal de problèmes en 
> jouant sur les fichiers ad hoc; sous windows, les options d'accessibilité sont suffisamment bien faites pour permettre un accès 
> relativement simple à l'outil informatique.
>  Ce qui est fait: en mode texte, muni d'un afficheur braille courant, on n'a pratiquement aucun problème à condition de savoir ce 
> que l'on fait. Pour cela: internet existe et, dans la plupart des cas, un simple navigateur web: w3m, links2 ou lynx font un 
> excellent travail, d'autant que google est accessible, même avec w3m. Reste qu'il nous faut trouver des tutoriels dans notre 
> langue maternelle pour ceux qui ne lisent pas l'anglais. Après, tout est une simple question de motivation et d'investissement 
> personnel. La ligne de commandes? Ah! non. J'ai laissé Msdos pour windows; je ne veux pas faire de Msdos sous linux...
Msdos, c'était l'horreur... A partir de là, un aveugle ne passera jamais sous linux. Pas la peine de perdre son temps.

J'ajoute, moi Jean-louis: Certes, je ne ferai pas de MS-DOS sous Linux, mais, pour éditer du braille sur papier, j'en fais toujours 
indépendamment, car les programmes développés pour cette tâche sous Windows sont, pour moi, trop complexes, et malgré toute la bonne 
volonté que j'y ai mise, je ne parviens pas à les maîtriser correctement, d'où le fait que, donc, pour éditer du braille papier, je 
me serve encore du système MS-EDOS. Il serait vraiment sensationnel que, sous Linux, on puisse nous développer un programme nous 
permettant l'édition et l'impression sur nos machines braille. Je redonne la parole à Michel:
>  Quelles que soient les explications dispensées, les démonstrations faites, l'aveugle ne reviendra pas sur sa décision. Et puis, 
> les lecteurs d'écran sous windows sont tellement connus. On rédige un chèque et la revue d'écran nous arrive par la poste; on met 
> le disque, on laisse tourner et votre machine vous parle. Quel plaisir, quelle joie! j'ai fait causer ma machine... Ouais! Mais 
> comment fait-on pour lire un texte? rédiger? naviguer? mettre Jaws en route?l'arrêter? consulter une aide pécifique? Pas évident 
> du tout au premier abord, d'autant que la lecture du manuel de Jaws, sur papier, c'est du chinois supérieur pour un débutant.

J.-L.: Jaws est le programme de revue d'écran le plus connu actuellement sous Windows: il coûte autour de 2000 €, de même que 
d'autres programmes du même genre: Hal (que j'utilise en ce moment), Virgo, Window-Eyes, etc; mais tous ces programmes sont, eux 
aussi, payants et ne servent qu'à remplir le portefeuille de ces gros marchands de fric qui, il faut bien le reconnaître, ne pensent 
qu'à s'enrichir sur le dos des handicapés, ceci dit sans la moindre pleurnicherie, mes Amis! Alors qu'un ingénieur aveugle, en ayant 
plus que marre de voir ces abus, a décidé, lui, de développé un programme tout à fait gratuit qui s'appelle NVDA, qui est 
régulièrement mis à jour, mais qui nécessite encore bien des aménagements pour que toutes les plages braille puissent fonctionner de 
façon optimale; NVDA est donc une revue d'écran gratuite, et fonctionnant sous Windows.

Michel: Bref, c'est ma première expérience que je vous narre en quelques mots. Un peu butté cependant, j'ai réussi à m'en sortir 
tout seul. maintenant, Jaws ne fait plus partie de mon univers informatique.
J'ai viré le requin de freedomscientif(r)ic. Ah! oui! c'est que ça coûte 1700 euros ce logiciel, sans parler des mises à jour 
payantes.
>  Devant linux? La première fois que j'ai vu du linux sur mon afficheur braille, je n'ai pas compris grand-chose: le braille était 
> en table américaine et je ne savais pas changer de table... Heureusement, les copains qui m'avaient donné une Knoppix m'ont 
> expliqué comment aller dans l'aide, comment effacer l'écran, chercher un répertoire... bref, une petite base. Après, Osvaldo la 
> Rosa, un de vos voisins belge m'a donné à distance le coup de main décisif: la messagerie sous linux. Il m'a aidé à installer 
> mutt, ssmtp; m'a donné un fichier de configuration, quelques conseils pour graver en console. Grâce aux listes:
carrefourblinux surtout, on apprend énormément de choses et pas mal d'entre nous sommes déficients visuels et la ligne de commandes 
est loin d'être un obstacle.
>  Gnome-Orca? La synthèse vocale est apparue sur l'ubuntu 6.04 lts et en était à ses premiers balbutiements. Jusqu'en avril 
> dernier, tout a bien fonctionné et Orca ne cessait de progresser. Or, la 9.04 fonctionnant très mal avec Orca et sa synthèse, j'ai 
> tout réinstallé: une Debian et gnome-orca sur ma machine de bureau, une Debian sans aucun graphique sur un Eee Pc 701 
> transportable partout. Pas de chance: le wifi ne fonctionne pas chez moi. Et ce n'est pas faute d'avoir cherché! mal cherché 
> peut-être mais j'ai vu que l'Atheros Ar242X n'est pas très apprécié par linux...
>  Mais le graphique, qu'en fait-on? En fait, je reconnais que Openoffice est nettement plus facile à appréhender que lateX et que 
> Emacs, d'autant que les raccourcis clavier sont à peu près les mêmes que ceux de word par exemple. De plus, l'impression se fait 
> aussi bien qu'avec un word 2003. De plus, on peut naviguer tout aussi vite avec iceweasel qu'avec Ie6-7 de windows. Reste que, 
> pour les mises à jour et la gravure, aptitude et wodim vont au moins aussi vite et de façon plus précise que synaptic ou brasero, 
> tous deux essayés.
Bien sûr, Orca prend le braille en charge aussi bien que la synthèse mais je préfère écouter une bonne musique en fond sonore que 
les synthèses vocales qui demandent plus de concentration.
>  Pourquoi la synthèse? Beaucoup de handicapés visuels ne l'étaient pas au départ et le braille n'est pas forcément très facile à 
> apprendre pour qui perd la vue à l'âge adulte et un afficheur braille coûte cher et ne dure pas la vie entière. Tant pis! Pourquoi 
> se priverait-on du plaisir de lire, de la possibilité de contrôler ce que l'on écrit, de corriger ses fautes? Combien de fois 
> doit-on avoir recours à une tierce personne pour savoir ce que nous avions écrit avec une machine à écrire ordinaire?
>  Pour les mal-voyants? Même sous linux, existent des loupes électroniques ou des agrandisseurs d'écran. Il suffit d'en activer les 
> fonctions dans Orca. Pour mon compte personnel, l'écran est éteint, sauf lorsque épouse ou enfants veulent voir ce qui se passe ou 
> utiliser la machine.
>  Deux problèmes demeurent: la numérisation de livres et l'impression braille. Les fabricants d'imprimantes braille ne souhaitent 
> pas l'utilisation de leur matériel sous linux et ne communiquent donc pas leurs fichiers source. Quant à la numérisation, j'avoue 
> n'avoir pas testé avec un petit scanner Canon lid 30, pourtant reconnu puisqu'un lsusb me signale sa présence.
>  Il ne s'agit que d'une petite contribution à votre rencontre mais c'est ce que j'utilise presque quotidiennement puisque l'heure 
> de la retraite a sonné. Si vous pensez que ce courriel peut vous servir à quelque chose, tant mieux. Amitiés. A+



Je reprends maintenant la parole pour conclure: il va de soi que je ne suis aps encore aussi expérimenté que Michel, mais j'espère 
bien, sitôt après être délivré de mes problèmes de santé dont je vous ai fait mention l'autre jour, me mettre à fond dans l'étude de 
tout ce système qui me passionne; par ailleurs, je réitère ce que j'ai déjà dit:: j'espère bien être des vôtres le samedi 7 novembre 
à Liévin.

Croyez, toutes et tous, chers Amis, à ma bonne et jbien sincère et fidèle amitié.

JEan-Louis