La plupart d'entre nous subit chaque jour un joug invisible, mais insupportable, au lycée. Celui des logiciels propriétaires. Explications et solutions au problème. Au lycée, vous utilisez une floppée de logiciels éducatifs, de production, de traitement de texte. Chez vous, si vous avez un ordinateur, vous utilisez probablement un explorateur web, un lecteur de musique, un traitement de texte aussi, et un tas d'autres applications. Vous avez le droit de les utiliser, sur une machine à la fois, dans la limite de l'optique du logiciel, et pas autrement. Comprenez-vous ce que ça implique ? Si vous voulez travailler collaborativement sur un projet, mettons à 5, il vous faut payer 5 licences du même produit, afin d'avoir un format de fichier compatible, et lisible par tous. Si vous voulez échanger vos meilleures playlists (listes de lecture des lecteurs musicaux), vous devez utiliser le même lecteur. Si vous voulez échanger vos fichiers de favoris d'explorateur web, vous êtes obligés d'utiliser le même logiciel, afin d'avoir le même format d'export. Ceci est dû à l'interdiction faite par les licences de partager le logiciel. Vous ne le possédez pas, on vous accorde contre de l'argent le droit de l'utiliser. Comme une location avec un seul loyer, en quelque sorte. C'est mal, pour plusieurs raisons : D'abord, on ne peut pas donner le logiciel à ses amis, afin de faire de l'entraide. Le logiciel propriétaire interdit la fraternité entre utilisateurs, interdit même d'utiliser le logiciel sur plusieurs ordinateurs appartenant à la même personne. Ensuite, quelqu'un qui n'a pas d'argent n'a pas accès aux mêmes outils que celui qui roule sur l'or, ce qui maintient la « fracture informatique ». Ainsi, les Africains et les Asiatiques du Sud-Est (vous savez, ceux qui se prennent des tsunami et meurent par milliers !) n'ont droit qu'a une version « à pas cher » appellée « Windows Starter Edition », qui comporte notamment les limites suivantes : Une résolution limitée à 800x600 (c'est à dire celle qu'on utilisait couramment il y'a 6 à 7 ans !), pas de gestion de plusieurs utilisateurs, et pire, droit à trois fenêtres ou trois programmes ouverts en même temps au maximum. Une entreprise qui se revendique ouverte et découvreuse de potentiel (voyez leur campagne de pub !) ne réserve pas le même traitement au miséreux et au riche. Le logiciel propriétaire n'est pas humain, il ne voit en l'être humain qu'une source d'argent potentielle, une « pompe à fric » pour parler sans détour. Puis, pour ceux qui étudient en informatique, on n'apprend rien avec un logiciel propriétaire, son code source (c'est à dire les commandes envoyées à l'ordinateur qui composent ce programme) étant inaccessible à qui que ce soit. Ainsi, on n'apprend que le mode d'emploi des logiciels, pas comment il fonctionne, quels sont ses mécanismes. Aussi, on ne peut pas l'adapter à nos besoins. Word reste Word, et on ne peut nullement le modifier pour le transformer en ce que l'on veut. De plus, le logiciel propriétaire n'est pas transparent. On ne sait paspas comment il marche ou ce qu'il fait dans notre dos. Vous avez entendu parler des adwares et autres spyware, ces programmes qui s'installent sans votre accord, ou bien en vous mentant sur leurs fonctions ? Et bien, chaque logiciel propriétaire est potentiellement rempli de ces malware et vous ne saurez jamais si c'est le cas... sauf quand vos données auront été expédiées sur le net, analysées et que vous recevrez des publicités « adaptées à vos goûts » (spam). Le logiciel propriétaire est une horreur, une infâmie et quelque chose de totalement anti-démocratique, et on nous les fait utiliser, dans l'ignorance de ces faits, dans l'école de la République, qui se réclame des valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité. Valeurs qui sont bafouées par le propriétaire. Des problèmes, des problèmes, mais pas de solution, pensez-vous. Il y'a des solutions. En 1984, Richard M. Stallman, un informaticien au Massachussets Institute of Technology (le célèbre MIT) démissionna de son poste, car il sentait que l'informatique dérivait vers le propriétaire. En effet, avant cette date, la plupart des programmeurs étaient heureux de partager leur code, de s'entraider, afin d'améliorer mutuellement leurs logiciels et de sentir qu'ils faisaient quelque chose d'utile à la société. Avec l'émergence des ordinateurs personnels, le fléau propriétaire arriva. Richard Stallman démissionna, mais au lieu de se reconvertir dans un domaine où il n'aurait pas eu à écrire du code sans avoir le droit de le partager, il décida de s'activer et de trouver une solution. Il décida de commencer l'écriture d'un système d'exploitation complet, compatible avec UNIX, qu'on pourrait récupérer, utiliser, et partager. Mais aussi, on pourrait accéder au code source des composants du système, le télécharger, le modifier et redistribuer des versions modifiées ou non. Il créa un mot pour qualifier ce système de partage qui n'avait pas eu besoin de nom jusqu'à prés ent, grâce à l'esprit de collaboration qui reignait : Le « Logiciel Libre » (Free software en Anglais, souvent précisé par « Free as in freedom »). Il nomma ce système d'exploitation GNU. Aujourd'hui, GNU est parfaitement fonctionnel et utilisable, et il est la base de toutes les distributions Linux, le noyau du système, qui sont accompagnées par les outils GNU. D'où le nom GNU/Linux. Ce système entièrement libre comporte tous les outils dont on a besoin pour utiliser un ordinateur: des traitements de texte (notez bien le « des », qui montre la possibilité de choix de ses outils), utilisant des formats lisibles facilement par tous les logiciels, des interfaces graphiques avancées, ergonomiques et fonctionnelles, des explorateurs web adaptés à tous les besoins, que vous ne fassiez que du surf léger ou bien une utilisation intensive du net, des clients mail, des lecteurs audio et vidéo, et bien d'autres outils dédiés à des usages plus spécifiques, comme des outils de développement de logiciels, des traceurs de graphiques, des calculateurs formels, etc. Cela présente beaucoup d'avantages, au niveau du lycée, par exemple. Au lieu d'avoir a acheter le modeleur 3D utilisé en cours pour travailler chez soi, on peut tout simplement le recopier sur un CD et l'installer chez lui. Ainsi il pourra s'améliorer. Au lieu d'avoir à utiliser les logiciels spécifiques disponibles en laboratoire de physique, on peut se servir d'outils libres et disponibles partout, pour retravailler les résultats chez soi, ou bien au CDI, n'importe où ! De plus, que l'on soit utilisateur de PC, de Mac ou même d'Amiga, le système GNU/Linux est disponible sur ces plates-formes, et on n'a pas à s'adapter à une nouvelle interface dès qu'on change de type de machine. Il pourrait certes y'avoir un problème de compatiblité avec certains logiciels, comme les jeux, en majorité non-libres. Néanmoins, il existe des couches de compatibilité qui font que l'on peut utiliser Half-Life, Quake, Age of Empires, et la majorité des jeux sans problème, voire même souvent dans de meilleures conditions que sous Windows Xp. En conclusion, je vous demande pourquoi vous n'utilisez pas ce système libre, démocratique, fraternel, fonctionnel et très performant qu'est GNU/Linux. Après quelques heures d'apprentissage, vous y serez aussi à l'aise que dans Windows. Il existe même des distributions GNU/Linux démarrant directement depuis le CD-Rom et n'installant rien sur le disque dur, afin de tester. C'est pourquoi je peux vous dire sans hésiter « Give it a try », essayez-le. Joachim Desoutter